Carnet de route

Panorama au sommet sans nom

Le 27/03/2010 par Antoine

Sortie du 27 et 28/03/2010: Ski de Rando Nordique (Vercors)


6 skieurs au départ pour cette avant-dernière sortie en ski de rando nordique de la saison. En cette fin mars, l’hiver joue les prolongations, bien décidé à perdurer encore quelques temps. Au départ de Privas, le ciel est bien bas, et nous trouvons les premières gouttes de pluies en remontant la vallée de la Drôme. Au fur et à mesure que les lacets vers le col du Rousset s’enchaînent, le thermomètre décompte les degrés. 5, 4, 3 : ça y est les flocons prennent le pas sur les gouttes. Notre balade commence du col du Rousset, sous quelques frimas. La neige tombée la veille est très collante et la progression devient très vite pénible. Ski de rando flambant neuf pour certains, d’une autre génération pour d’autres, ou encore ski de fond, rien n’y fait, force est de constater qu’aucune glisse n’est possible. Avant notre première descente vers le Pas des Econdus, je tente le tout pour le tout en sacrifiant un trognon de saucisson : nos spatules sont désormais fartées « à l’ardéchoise » ! Une technique certes bien singulière mais qui nous permet de retrouver suffisamment de glisse pour bien progresser, sans trop d’à-coups dans cette neige qui parfois nous bloque net. Nous passons notre première journée à sillonner les hauts plateaux, tantôt dans le brouillard, tantôt sous la neige. Pré-Peyret, la Grande Cabane, les Serrons, pour finalement faire le plein d’eau et passer la nuit à Gerland. La fin de journée, en forêt, a été plutôt agréable, avec un peu plus de visibilité est une température en baisse qui à rendue la neige bien skiable. Nous montons les tentes tout près de la baraque, dont l’appentis nous servira d’abri convivial pour passer la soirée. Un petit blizzard accompagné d’une averse de neige gelée nous gifle une dernière fois le temps de finir le montage des tentes. A l’abri sous l’appentis, notre repas chaud accompagné de génépi et jäger tea nous réchauffe pour le reste de la soirée. Au petit matin, le temps s’est apaisé et de timides rayons de soleil font leur apparition. Suite à une avarie technique (fin de carrière par la force des choses pour une paire de chaussures et des bâtons…), nous sommes contraints de nous séparer pour cette deuxième journée. 3 de nos compagnons nous quittent pour une retour plus direct vers le Rousset. Quant à nous, nous partons en direction du Pas des Bachassons. Le manteau blanc immaculé déposé sur la forêt est un spectacle dont je ne me lasse pas, et je profite de la vue éphémère que nous avons sur la chaîne du Veymont. Un lièvre variable prend même la pose quelques secondes au pied d’un sapin pour notre plus grand bonheur. En s’élevant peu à peu vers les crêtes, nous retrouvons un épais brouillard, qui rend très vite le relief indiscernable. Nous semblons flotter dans un univers blanc, sans limites. La progression se fait à tâtons pour ne pas risquer de couper une corniche. Nous arrivons enfin au sommet, le point de vue est sans doute magnifique par clair… Etait-ce le sommet de Peyre Rouge ? de Montaveilla ? Je l’ai déjà oublié, sans repère dans ce nuage blanc. La descente prudente nous ramène jusqu’à la plaine de la Queyrie, où nous repassons en dessous de la nappe de brume. Quelques zigzags et la boucle est bouclée : de retour au Pas des Econdus, nous rejoignons ensuite le col du Rousset. Les nuages se dissipent le temps que nous nous déséquipions. De retour dans la vallée, nous prendrons le verre de l’amitié en terrasse d’un café, sous un soleil printanier, en contraste total avec les 48h que nous venions de passer. Un week end blanc et froid, mais bon avant tout.