Carnet de route

Sacrée météo
Le 28/01/2012 par ROSSETTI MAGALI
"Il ne faut pas sortir à ski que par beau temps. La tempête, ça endurcit et c'est un super exercice d'orientation!!"
Telles ont été les paroles du guide Yves Gaillard quand nous avons passé le stage d'initiateur. Ce sont donc sur ces mots que nous partons samedi, en route pour le massif de Chamrousse. Le groupe 2, déjà bien initié au ski alpinisme, ne doit pas être ménagé: Cricri est déjà bien rompu aux conditions météo de toutes sortes. Eric, n'ayant connu que des journées de grand beau et de bonne neige, doit connaître enfin une météo pourrie pour sa formation personnelle. Laure, arrivée tout juste du Caf de Nice, n'a rien d'une débutante et semble prête à tout. Je leur répète donc les paroles du guidos en affichant la météo annoncée: neige, neige et encore neige avec la possibilité de quelques éclaircies en fin de journée!!
Je suis très déçue, car le risque faible d'avalanche annoncé nous offre de nombreuses possibilités de belles pentes à skier! Mais avec le soleil se serait mieux.
Quelle est alors notre surprise en arrivant au départ de la piste de Casserousse! Le brouillard et la neige se sont transformés en grand ciel bleu! Quel coup de bol! La petite couche de neige fraîche tombée dans la nuit ajoute à l'euphorie du groupe!
L'euphorie se calme quand je réalise que la crème solaire et les lunettes qui vont avec sont restées à la casa!!
L'euphorie faiblit encore quand je m'aperçois que le groupe a une caisse d'enfer et que le rythme va être très bon! Il nous faut environ 1 heure pour rejoindre la Brèche Robert Nord. Le chrono a explosé, Cricri et moi aussi! Alors je cache ma fatigue en disant à la tête de course qu'il ne faut pas aller trop vite pour ne pas exploser les troupes et qu'il faut être gentil avec Cricri qui est un peu fatigué en ce moment. Eric nous dit qu'il est dans le même état car il n'a dormi que 3 heures cette nuit.....mais ça l'empêche pas d'être devant, LUI!!!
On descend sur les lacs Robert et on sort la carte. Je voulais mener le groupe à la Pointe Vaudaine, mais le petit couloir y menant est vierge de toute trace et Doum le trouve bien chargé quand même. On décide d'aller explorer un secteur un peu moins raide en direction du col de la Petite Vaudaine. Le dénivelé sera plus important, mais tout le monde est partant. La descente dans le vallon dominé par le Grand Sorbier et la Grand Eulier nous offre une neige poudreuse ammaculée. Quel plaisir d'être les tous premiers à tracer ce lieu ce matin. Je pense alors aux merveilleuses combes des Aravis en Haute Savoie. Le massif de Chamrousse leur ressemble bien sur ce point: les sommets accessibles rapidement sont toujours surfréquentés. Il suffit alors de choisir un site un peu moins accessible ou qui nécessite de repeauter plusieurs fois, pour se retrouver seul au monde et en réelle harmonie avec cette montagne hivernale. C'est ce qui se passe à ce moment là. Une vieille trace recouverte de neige fraîche nous permet de ne pas trop galérer pour tracer notre route jusqu'au vallon menant à notre objectif. La neige est poudreuse à souhait, mais méfiance. J'ai quelques doutes sur le risque 2 intitialement annoncé. Cette "poudreuse" n'a en fait aucune cohésion et semble être de la neige à plaques friables! On prend le temps de la regarder attentivement. Elle recouvre toutes les pentes orientées nord et le froid ambiant ne lui permettra pas de se transformer aujourd'hui. Alors on reste prudent, même si les quantités tombée la veille ne présentent pas de très grand danger. Le groupe est sérieux, attentif aux précautions à prendre et curieux de savoir pourquoi à tel ou tel endroit,ON DOIT GARDER SES DISTANCES!
Les quelques petits passages un peu raides sont difficiles à tracer car cette fichue poudreuse glisse sous les skis. Par chance, une légère neige croûtée au dessous favorise l'accroche. Les 200 derniers mètres sont un peu difficiles, le dénivelé commence à peser, mais l'idée du casse-croûte proche nous motive. Le col de la Petite Vaudaine offre un paysage magnifique sur le Sorbier et sur.... Les Pointes de Jasse Bralard!!! (et oui, Cricri, ce n'était pas la Grande Vaudaine qui nous dominait au Col.. j'm'a trompé!!!!). Les corniches entourant le col donnent au paysage des formes bizarres qui inspirent les membres du groupe! Certains y voient des faucons, une autre (dont je tairai le nom ici) y voit des formes un peu plus basiques et anatomiques....
Nos discussions philosophiques sont très vite écourtées par le froid pinçant qui sévit au Col. J'invite les rapides à commencer la descente avec Doum et je reste avec Cricri pour au moins achever le mini sandwich que j'avais à peine commencé!
J'avais déjà oublié le dicton du skieur alpiniste: fait bô, fait chaud, pause et repos; pas bô, pas chaud, enlève les peaux et GO!
On prend quand même le temps de manger un nougat alors que les trois doppés aux endorphines sont déjà à mi-pente. La descente est telle qu'on l'imaginait. La poudreuse légère accompagne chaque virage d'un arc-en-ciel pailleté de soleil. C'est merveilleux. Extase et euphorie décrivent l'esprit du groupe. La fatigue fait place à la godille! Au bas du vallon, on croise deux skieurs qui viennent du Grand Eulier et partent pour le pic de Miribel. Et oui, y'en a des accros au dénivelé! Je connais l'un d'entre eux et Christophe ne se trompe pas, c'est bien em42! L'un des adeptes qui peuplent le site Internet Skitour de ses inombrables récits à ski.
Après l'euphorie, la souffrance! Et oui, il faut repeauter et rejoindre le haut de la piste de Casserousse pour profiter d'une descente sur piste gratuite!
La montée est terrible et même si nous restons en hors piste, les skieurs n'hésitent pas à venir nous frôler de leurs spatules. La prochaine fois, nous passerons par la Brèche Robert sud pour rejoindre les voitures, même si cela nous privera de la belle piste noire de Casserousse. La poudreuse du matin a disparu, la station ayant ouvert entre temps. Mais cela ne nous prive pas d'une belle descente finale tout de même.
Magnifique journée donc, avec un bravo particulier pour Laure (qui a gravi, pour sa première sortie de l'année, ces 1350 m de dénivelé avec brio et courage malgré une vieille blessure qui l'embête) et Cricri (qui a pu réaliser les énormes progrès réalisés depuis sa première sortie à ski il y a de cela 4 ans maintenant!).
Le retour en voiture se fait tranquillement, entre les ronrons du moteur et surtout ceux de ses passagers.